Maison du Temple de Fontaine-la-Cado (Heudebourg) :
Localisation: Maison du Temple de Fontaine-la-Cado
N’ayant pas de documents issus des Templiers, voici les textes sortis du « Livre Vert » réalisé suite à l’héritage des Templiers.
Le domaine à la fin du Moyen Age :
Les baux à rente perpétuelle. C’est en effet au cours de la seconde moitié du XIVe siècle que cette petite maison concède « a toujours » certains biens immobiliers.

En 1374, cette maison fait l’objet d’un second contrat avec le même preneur, mais cette fois le montant de la rente est réduit du tiers: 100 s.t.
L’année suivante c’est le lieu-dit La bove de l’Hôpital qui est baillé à rente perpétuelle. (Peut-être à Rugles)Deux autres contrats de ce type sont consentis avant la fin du siècle par les Hospitaliers de Fontaine-la-Cado. Le premier, en 1389, concerne une maison voisine de la commanderie, ainsi qu’un jardin, une pièce de vigne et une demi-acre de terre; le second, en 1395, a pour objet 6 acres de labours sises à Heudreville dans la vallée du Bosc Ricart.
Ces cessions de biens fonciers en échange d’une rente perpétuelle s’apparentent à des accensements, c’est-à-dire à un démembrement de la réserve seigneuriale.
« La desolacion et la ruyne »
Parmi les documents de la fin du Moyen Age qui nous sont parvenus, seul le « Livre vert » (1373) donne quelques chiffres concernant l’étendue des différentes parties du domaine. Celui-ci se compose alors de 15 acres de terres labourables, 5 acres de près, 1 acre et demie de vigne et 15 acres de bois. L’acre de terre arable ne vaut que 2 s, t, contre 13 s. et 4 d, t, pour l’acre de vigne et 24 s, t, pour l’acre de pré.
Afin de faire cesser une vacance qui durait depuis plusieurs mois et ne pouvait se prolonger sans nuire à la maison, frère Jean Le Caron est nommé commandeur de Fontaine-la-Cado au cours du chapitre prieural de février 1396 (n.s.). Les termes de l’acte d’investiture révèlent sans ambages l’état de la baillie:
« Comme la baillie de Fontaines-la-Cadot soit vacante depuis nostre chappitre derrain passé … se elle demeuroit sanz gouvernement, veu et considéré le povre, (le) petit estât en quoy elle est tant en ediffices comme en labours … elle pourroit empirer et venir a moins et a très grant besoing et neccessité d’estre recommandée a homme qui ait puissance de mise pour la relever … »
En 1411, en dépit de trêves successives marquant, depuis une trentaine d’années, une accalmie dans le conflit franco-anglais la maison n’a pas été relevée de ses ruines: « …et en nostredit chapitre ne se trouvoit pas bien frère qui s’en voulsist charger, attendu Testât et petitesse en quoy elle est… ladicte baillie de Fontaines-la-Cado qui est en grant desolacion et ruyne… »
Le commandeur du moment ayant été destitué elle est, de nouveau, attribuée à frère Jean Le Caron qui dirige alors, dans le même diocèse, la maison de La Haie-du-Val-Saint-Denis. La teneur de l’acte, très explicite, montre qu’il n’a pas été facile de convaincre celui-ci d’accepter, une fois encore, la charge de cette commanderie ruinée et donc peu lucrative. Le prieur a consenti, pour cela, à réunir les deux maisons de Fontaine-la-Cado et de La Haie-du-Val-Saint-Denis et donné l’assurance au frère Jean que son neveu, frère Gérard Le Caron, lui succéderait à la tête de la baillie ainsi constituée.
Toutefois, la commanderie de Fontaine a retrouvé son indépendance lorsqu’on février 1475 (n.s.) le commandeur, frère David de Sarcus, la donne à ferme pour 19 ans au frère Loys de Garencières: « A tous ceulx … frère David de Sarcus … Savoir faisons que pour le bien, prouffit et utilité de nostre religion et pour la grant destruction et ruyne en quoy est nostre-dicte commanderie de Fontaines Heudebourg, dit la Cado, a cause des guerres et tribulacions qui sont en ce royaume ja pieça … frère Loys de Guarencieres… a icelluy nous baillons … ladicte commanderie … »
L’état de délabrement qui se prolonge donc depuis quatre-vingts ans paraît irrémédiable. L’une des clauses du contrat prévoit, d’autre part, que le preneur abandonnera au bailleur « la moictié des vins qui croisteront des vignes … », en plus du montant de sa ferme. Ce qui confirme l’existence d’une activité viticole sur le domaine de la commanderie. En 1495, les maisons de Fontaine-la-Cado et de La Haie-du-Val-Saint-Denis sont de nouveau adjointes.
Sources: Michel Miguet, Les Templiers et Hospitaliers en Normandie. Edition du CTHS, 1995.
Fontaine-la-Cado sous les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem :
C’est le nom que cette commanderie du Temple portait au XIVe siècle. Depuis, on l’a nommée plus communément Commanderie de Fontaine-Heudebourg. Les biens et revenus de cet établissement sous les Templiers sont ainsi rapportés dans le Livre-Vert pour l’année 1373:
Rentes en argent à divers termes, par an XXXII livres XV sols IIII deniers.
Le revenu de l’eaue, chascun an XXX sols.
L’erbe du grand et du petit vivier. XXII sols.
XV acres de terre, à II sols l’acre, val XXX sols.
V acres de pré, à XXIIII sols l’acre. VI livres.
Un Acre et demi de vigne, à XIII sols IIII deniers l’acre soit XX sols;
La jurisdicion dudit lieu n’est de nulle valeur, pour ce qu’elle couste autant à garder comme elle vault. Néant.
XV acres de bois, de quoy il fault pour ardoir à l’ostel un acre, et les aultres XIV acres tournent au profit de M. le Prieur de France.
LXXVI chappons, à II sols le chappon, val VII livres XII sols.
XI gelines, à XVIII deniers la geline, val XVI sols.
VII setiers de grain, à XII sols tournois le setier, valent IIII livres. IIII sols.
Le pressouer dudit lieu vault XX sols tournois.
VI xx X eufs, II eufs à I deniers val V sols V deniers.
Ventes et reliefs, XXIIII sols;
Somme de la valeur en revenu. LX livres. II sols X deniers, tournois.
Charges de la maison:
Responcion. XIX livre.
Réparations aux maisons. X livres.
Nécessitez et vivre du Commandeur. XXX livres.
Somme. LX livres.
Reliquat. II sols X deniers.
Le Commandeur avait, dans sa seigneurie de Fontaine, toute justice, haute, moyenne et basse.
Au villaige dudit Fontaine, a environ XXV feuz, hommes de la religion, justiciables à toute jurisdicion. (Visite de 1495)
Le domaine de Fontaine comptait une soixantaine d’arpents de terre, et un moulin sur la rivière d’Eure.
Il n’y avait pas de chapelle dans la maison.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France – Eugène Mannier – Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)